Une expérimentation de téléassistance étendue
Depuis fin 2013 Filien ADMR collabore activement à une expérimentation de téléassistance étendue en lien avec la fédération des Pyrénées Atlantiques. Lancée par le Conseil départemental via l’Agence Départementale du Numérique, cette expérience vise à favoriser le maintien à domicile de personnes âgées ou handicapées. Retour sur cette coopération étroite et pleine d’enseignements.
Le projet est à la fois ambitieux et exemplaire. Il remonte à novembre 2013. A cette date, l’Agence Départementale du Numérique des Pyrénées Atlantiques (organisme dépendant du Conseil départemental) lance un appel à des partenaires souhaitant s’associer à une expérimentation de téléassistance étendue destinée à favoriser le maintien à domicile de personnes âgées ou handicapées bénéficiaires de l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) ou de la Prestation de Compensation du Handicap (PCH). Un échantillon d’une centaine de personnes est retenu afin d’observer le fonctionnement et l’utilisation des équipements et d’en mesurer la pertinence. Appelée à participer au projet, l’ADMR 64 s’associe naturellement à Filien ADMR pour répondre à l’expérimentation. Celle-ci démarre lors du premier semestre 2014. Une vingtaine d’usagers ADMR du département des Pyrénées Atlantiques sont équipés d’un pack téléassistance étendue par Filien ADMR comprenant des détecteurs de présence, de chute, de fumée et de monoxyde de carbone, de chemins lumineux, de bracelets d’alerte… Des appareils très performants allant au-delà de la téléassistance classique.
20 domiciles équipés gratuitement pendant six mois
Le bilan de cette expérimentation grandeur nature est réalisé fin 2014 et adressé à l’Agence du Numérique. Le Conseil départemental doit maintenant déterminer le choix des partenaires à qui sera confié l’extension du projet à l’ensemble du département. Henri Llanes, directeur de la fédération ADMR des Pyrénées Atlantiques, se réjouit du succès déjà obtenu par Filien ADMR : « À Bizanos, une petite commune près de Pau, nous avons réussi à équiper une quinzaine de domiciles. Il s’agit d’un équipement très complet qui permet par exemple de repérer la présence d’une personne chez elle et dans l’environnement immédiat du domicile. Ce type d’équipements est souvent demandé par les aidants familiaux qui s’inquiètent de la sécurité de leurs proches. Les professionnels du maintien à domicile passent entre 4 heures et 40 heures au maximum par mois chez les usagers. Tout le reste du temps ces derniers sont seuls. Que se passe-il s’ils viennent à tomber ? La téléassistance permet se sécuriser ces personnes isolées et parfois de sauver des vies. »
Selon Denis Halégouët, président de la fédération ADMR 64 et adjoint au maire de Bizanos, « Filien propose un équipement plus performant et moins onéreux que le matériel que nous utilisions jusqu’alors dans la commune. La convention passée entre la municipalité et Filien a même permis de baisser le coût de l’équipement. »
« La téléassistance permet de sauver des vies »
Le coût mensuel d’une telle installation reste modique. « Compte tenu des aides du Conseil général, l’usager n’en paie qu’une partie. La location par Filien est de 24 euros par mois mais l’abonné peut n’avoir à payer que quelques euros », précise le président de la fédération. « 70 % des personnes que nous aidons touchent l’APA. Il y a de plus en plus de personnes dépendantes qui ne pourraient pas rester chez elles sans ces équipements. Ces derniers facilitent les liens de convivialité qui représentent 80 % des appels vers la plateforme téléphonique. Un lien se crée ainsi entre la personne isolée et l’opératrice qu’elle connait souvent par son prénom. »
Henri Llanes se réjouit de la parfaite coopération qui s’est établie entre sa fédération et Filien ADMR : « Filien a formé nos installateurs. Nous avons apprécié cette envie d’aider notre réseau de bénévoles et d’être à leur écoute. Les professionnels Filien ont su nous expliquer les choses simplement. Nous avons désormais une personne de notre fédération dédiée à la téléassistance et nous allons intégrer Filien dans notre plan de communication.»
Denis Halégouët en est persuadé : « Dès que le Conseil départemental aura pris sa décision, nous proposerons la téléassistance Filien dans l’ensemble du département.» Le président de la fédération espère équiper 75 foyers dans les 12 prochains mois.
Honoré Maury : grâce à Filien cet octogénaire peut continuer à élever ses moutons
Honoré Maury, 86 ans, fait partie des expérimentateurs du système de Téléassistance Filien ADMR. Domicilié à Sévignacq-Thèze dans les Pyrénées Atlantiques, l’octogénaire vit seul chez lui à l’exception des 17 heures par mois pendant lesquelles il bénéficie de la présence d’une aide-ménagère ADMR. Cet ancien agriculteur continue d’élever quelques poules et un petit troupeau de moutons autour de son habitation. La crainte de tomber dans la grange ou dans l’enceinte du poulailler l’a décidé à adopter la téléassistance : « Cela me rassure. Je sors de mon domicile tous les jours. Je sais que je peux appeler. J’ai le bracelet d’appel au poignet mais je ne m’en suis jamais vraiment servi. Sauf pour tester le matériel une fois tous les quinze jours », précise-t-il. Grâce à l’APA, il ne paie ce service que 5 euros par mois, le Conseil général prenant en charge la plus grande partie du coût.
De quoi se compose le pack de téléassistance étendue ?
Le pack téléassistance étendue proposé à l’échantillon des usagers ADMR se compose de plusieurs éléments :
- un boitier d’interface de communication qui est le cœur de l’équipement ;
- un détecteur optique de fumée ;
- un détecteur de monoxyde de carbone ;
- un bracelet détecteur de chutes ;
- un détecteur de mouvement ;
- un « chemin lumineux » pour sécuriser les déplacements nocturnes de la personne. Il permet d’éclairer et d’éteindre automatiquement la lumière sur un cheminement préétabli ; il est lui-même composé de 3 détecteurs de mouvements (chambre, sanitaires et salle de bains) de 2 interrupteurs télécommandés, d’une prise interrupteur télécommandé pour commander le bandeau lumineux installé dans la chambre, bandeau lui-même équipé de LED pour assurer un éclairage moins brutal.
Entretien avec Hervé Meunier, directeur général de Filien ADMR
Le Lien : Comment a été vécue la coopération avec la fédération 64 ?
Hervé Meunier : « Très bien. C’est sans doute la première fois en France qu’une telle expérimentation est menée. La fédération connaissait peu Filien mais elle était très volontaire pour proposer la téléassistance. L’expérience a permis de mieux nous connaître et la fédération souhaite aujourd’hui étendre les services de téléassistance à d’autres clients ».
Le Lien : Comment résumeriez-vous le savoir-faire de votre entreprise ?
H.M. : « Le premier de nos savoir-faire est de proposer non seulement de sécuriser un domicile mais également d’assurer un service de convivialité. Quand un usager Filien a envie de bavarder avec une opératrice de notre plateforme téléphonique il peut le faire. Cela contribue à le sortir de l’isolement. Nous avons su également développer une offre domotique associée à la téléassistance classique. On ajoute des équipements comme les détecteurs de fumée et de présence ou encore un détecteur de température qui déclenche une alerte lorsque la température du logement descend par exemple l’hiver sous les 14 degrés. L’été, à l’inverse, l’alerte se déclenchera si la température dépasse les 27 ou 28 degrés. Le plateau Filien invitera alors la personne à boire pour compenser la chaleur qui règne dans son domicile ».
Le Lien : Vous insistez beaucoup sur la réactivité dans vos interventions…
H.M. : « Quand une personne est dans une situation de stress il faut intervenir rapidement. Filien est l’opérateur qui répond le plus vite au téléphone. Nous répondons à toutes les situations de vie à domicile. Quel que soit l’âge, le handicap et le niveau de dépendance de la personne nous savons apporter une réponse grâce à une approche personnalisée. Nous avons démontré ce savoir-faire dans les programmes « Habiter Autrement », ces habitats individuels regroupés autour d’espaces communs lancés par l’ADMR en octobre 2014 ».
Le Lien : Quels retours avez-vous de l’expérimentation menée dans les Pyrénées Atlantiques ?
H.M. : « Les retours montrent qu’il existe une bonne adéquation entre les services que nous apportons et les besoins des personnes. Nous avons du faire face à des logements qui ne disposaient pas de téléphone fixe. Nous avons proposé un nouveau type de transmetteur GSM fonctionnant avec la téléphonie mobile. Un équipement à la fois performant et plus simple à installer ».
